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L’HIVER SAISON D’INTROSPECTION
« A méditer en profondeur »

La mort et la vie, l’existence et la non-existence
Le succès et l’échec, l’aisance et la pauvreté,
La vertu et le vice, la sagesse et l’ignorance,
La louange et le blâme, la soif et la faim,
Le chaud et le froid se suivent,
Se transforment sans cesse et forment le destin.
De même, jours et nuits se succèdent
Sans qu’on puisse savoir depuis quand.
Mais tous ces événements ne doivent perturber
Ni le corps ni l’esprit :
Il suffit jour après jour de garder son calme,
De vivre en paix avec les autres,
De s’adapter aux circonstances et, ainsi
De développer ses dons naturels.
Tchouang Tseu
DÉCEMBRE

Ouvrez, les gens, ouvrez la porte
je frappe au seuil et à l’auvent
ouvrez, les gens, je suis le vent,
qui s’habille de feuilles mortes

Entrez, monsieur, entrez, le vent
voici pour vous la cheminée
et sa niche badigeonnée

entrez chez nous, monsieur le vent

Ouvrez, les gens, je suis la pluie
je suis la veuve en robe grise
dont la trame s’indéfinise
dans un brouillard couleur de suie

Entrez, la veuve, entrez chez nous
entrez, la froide et la livide
les lézardes du mur humide
s’ouvrent pour vous loger chez nous

Levez, les gens, la barre en fer
ouvrez, les gens, je suis la neige
mon manteau blanc se désagrège
sur les routes du vieil hiver

Entrez, la neige, entrez, la dame
avec vos pétales de lys
et semez-les par le taudis
jusque dans l’âtre où vit la flamme

Car nous sommes les gens inquiétants
qui habitent le Nord des régions désertes
qui vous aimons – dites, depuis quels temps
pour les peines que nous avons par vous souffertes
Emile Verhaeren